mercredi 4 novembre 2009

3) Investigation

Kamli était assis dans un coin de la taverne à écouter une conversation entre deux hommes, qu'il supposait être des mercenaires. En tant qu'espion, Kamli maîtrisait de nombreuses langues, ses voyages fréquents ayant permis de perfectionner son accent, mais le dialecte parlé par les deux mercenaires était tellement éloigné de la langue Mhâlatane qu'il soupçonnait les deux hommes de provenir d'une région particulièrement reculée. Leurs visages jeunes et dénués de toute cicatrice dévoilait leur inexpérience, et Kamli devina qu'il avait sous les yeux deux jeunes hommes en quête d'aventures, voire même de bonne fortune. Il avait choisi de s'intéresser à ces deux individus en particulier car il savait que leurs langues se délieraient beaucoup plus facilement après quelques verres.
Cela faisait déjà deux jours qu'il était dans la capitale ("Jah" en Mhâlatan) des territoires ennemis et pourtant il n'avait rien appris de concluant au sujet des mouvements de troupes de l'Alliance. Cela restait un mystère et il semblait que le gouvernement ne laissait filtrer aucune information, même dans les tavernes les plus luxueuses de la ville.
Kamli se demanda si Will et Lara obtenaient de meilleurs résultats grâce à leurs méthodes. Chacun des membres de leur trio possédait une aptitude particulière qui leur permettait d'être à la fois indépendant en mission solitaire, et redoutable au sein de leur groupe.
Lara, fille de Roald Dyun, célèbre acrobate à la cour de l'Empereur, avait hérité des talents surnaturels de son père : sa furtivité sans égale et sa maîtrise des armes courtes - dagues et autres poignards- en faisait une adversaire mortelle malgré son physique apparemment délicat et inoffensif. La jeune femme aux cheveux châtains et aux yeux amandes était ainsi limitée aux missions d'infiltration et celles qui nécessitaient de récupérer des informations de la façon la plus discrète possible.
William, lui, avait un don pour la magie (ou Arcane), cependant son don ne s'exprimait que dans un seul domaine : l'Arcane Psychique, ou la compréhension des esprits. Cela lui permettait, dans le cadre de ses activités d'espionnage, d'influencer les esprits faibles et parfois même, de lire les pensées en cas d'inattention particulièrement intense de la cible. Le jeune homme brun avait toujours été frustré par cette limitation quant à ses dons, et malgré toute l'énergie qu'il avait consacré à travailler les autres Arcanes, rien ne semblait fonctionner et le blocage semblait permanent. Cependant, il était suffisamment doué dans l'Arcane Psychique et au maniement de l'épée pour pouvoir intégrer l'unité d'espionnage de l'Empire, sous le commandement direct du jeune Rolwen, Seizième Empereur du Levant.
Quant à lui-même, son véritable talent était son adaptabilité : sa nature curieuse et sa soif d'apprendre en permanence avait fait de lui l'un des plus brillants élèves de toute sa région lors de sa jeunesse. Il maîtrisait parfaitement la totalité des langues officielles de chaque nation et parlait un très grand nombre d'autres dialectes plus ou moins répandus. Il était également familier des coutumes locales et pouvaient ainsi très facilement s'intégrer au sein de n'importe quel pays sans trahir ses origines. Son excellence en tant qu'archer était également appréciable et venait compléter l'épée et les poignards de ses deux partenaires.
Voyant que les deux hommes qu'il observait dérivaient sur des conversations concernant les nouvelles de leur village d'origine (situé à l'extrême ouest de l'Alliance), Kamli se résigna une fois de plus à arrêter ses recherches et rejoignit la chambre qu'il avait loué dans une auberge située deux rues plus loin. Bien que de par sa nature, il se sentait à l'aise dans chacun des endroits où il se trouvait, Kamli commençait à sentir un malaise profond l'envahir. Il lui tardait d'avoir des nouvelles de ses deux amis car seul, il désespérait de trouver les renseignements pour lesquels il avait été envoyé. Le roi Altrâkh'An, souverain suprême de l'Ouest, semblait avoir perdu l'esprit : il était vrai qu'il possédait un certain aspect belliqueux mais ce trait de caractère était toujours atténué par la sagesse de ses conseillers, qui prônaient une certaine retenue, pour le bien du peuple de l'Alliance.
Ce revirement soudain chez le Roi était un véritable casse-tête pour Kamli. Il avait beau tourner le problème dans sa tête, il restait persuadé qu'un facteur extérieur avait du influencer le souverain et, alors que le soleil se couchait pour la troisième fois sur la ville de Karaâmad'jah depuis qu'il était arrivé, Kamli était tellement absorbé par ses pensées qu'il ne remarqua pas l'ombre qui suivait sa trace depuis sa sortie de la taverne, attendant patiemment son heure pour passer à l'action.

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