lundi 2 novembre 2009

2) Dans le Chateau Profond

Branduc détestait venir dans cette partie du château. Cette aile reculée pouvait paraître abandonnée au premier abord mais quelques braseros allumés de façon épars désignait très clairement une route qui menait droit vers une partie du Château Profond qui n'était empruntée que par deux personnes : lui-même et Le Maître, lors de ses rares sorties. Le gobelin se jura une fois de plus de demander au Maître un changement de statut car il n'aimait pas délivrer les missives, même s'il savait pertinemment que les états d'âme d'un serviteur, qui plus est non humain, importait très peu aux yeux du Seigneur Noir. Branduc traversa rapidement quelques couloirs aux murs dépouillés de toutes tapisseries, armes ou autres armoiries et d'une froideur extrême et, après quelques minutes, il atteint une volée de marche qu'il monta deux à deux. En haut de l'escalier se trouvait deux portes. Celle de gauche menait à la salle de travail du Maître et nul ne pouvait y entrer, sous peine de mort, alors que celle de droite menait aux appartements de ce dernier. Le gobelin ouvrit la porte de droite sans hésitation et traversa une antichambre puis ce qui ressemblait à une bibliothèque, en dépit de la présence de très peu d'ouvrages, la plupart en mauvais état.
Malgré l'épais mur de pierre qui séparait la bibliothèque de la chambre, Branduc sentait déjà l'aura maléfique de son maître, quasiment palpable, comme une brume épaisse qui l'enveloppait peu à peu, amenant avec elle tristesse et désespoir. Le serviteur frappa trois fois et attendit. Une voix profonde, semblant venir de très loin, lui répondit d'un ton glaçant l'âme :
"Entrez
- Excusez-moi de vous importuner, votre Grandeur, mais j'ai un message de la plus grande importance à vous délivrer, débuta Branduc après avoir fait une courte révérence.
- Qu'y a t-il de si urgent pour que tu aies l'audace de me déranger au beau milieu de la nuit, gobelin? répondit le Maître, d'un ton qui en disait long sur la totale indifférence qu'il portait au messager.
- Je suis confus mais... Il s'agit de l'Empereur des Pays du Levant. Vous aviez exigé que toutes ses activités d'espionnage vous soit rapportées immédiatement. Nos sources au Palais Impérial d'Ormata nous apprennent qu'une mission secrète vient de partir en direction de Karaâmad'jah."
Le visage du Seigneur Noir sortit de l'ombre alors qu'un rictus mauvais vint orner son visage parfait. Branduc, bien que de race gobeline, savait que son Seigneur était, dans les critères humains, un jeune homme d'une grande beauté. Tout en lui était d'une noirceur captivante : ses yeux, ses cheveux, et sa barbe finement rasée étaient tous trois noirs comme la nuit. Puissament bâti, avec de larges épaules, il avait l'allure d'un jeune soldat mais ses manières raffinées et son élocution témoignait d'une origine noble et même, laissait penser qu'il était bien plus âgé que son visage dénué de toute ride laissait penser.
Le messager gobelin le craignait bien plus qu'il ne le respectait : il avait vu bien trop de serviteurs subir les rages terribles du jeune homme et y laisser la vie, pour savoir que l'humilité poussée à son extrême était la qualité première à posséder pour survivre au service du Maître.
"Cette décision ne fait que confirmer ce que je savais déjà, l'Empereur Rolwen est un idiot. Quoiqu'il en soit, cela sert parfaitement mes plans. Mais cela ne te concerne en aucune façon, sous-créature. Contente toi de prévenir notre source que le moment est proche et que bientôt nous pourrons agir. Pour ma part, je serai absent quelques jours, tu n'auras qu'à écrire toutes les missives et les déposer au pied de ma chambre. Maintenant, va t-en, ton odeur répugnante m'insupporte.
- Très bientôt, votre Grandeur, répondit Branduc"
Branduc s'inclina puis sortit rapidement. L'aura de son maître rayonnait comme rarement, et le gobelin savait ce que cela signifiait : une très grande colère ou une très grande joie. Il était clair que c'était cette dernière option qui se vérifiait, mais la cruauté du Maître était telle que le gobelin se demanda si les conséquences de cette joie n'étaient pas plus à craindre que celles d'une potentielle colère.

1 commentaire:

  1. Je crois que dans tout ce que tu as écrit, c'est ce que je préfère :)
    Pourquoi m'avoir caché une telle merveille !!

    J'ai vraiment hâte de lire la suite (sans vouloir te mettre la pression hein)

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