jeudi 16 décembre 2010

Les flammes d'Ormata

Le garde courait le long du couloir. Mû par l'adrénaline, il remontait les ailes du palais réservées aux chambres des gardes impériaux, aucune sensation de fatigue ne venant l'habiter. La terreur de l'attaque soudaine lui fit encore augmenter l'allure de sa course.
L'alerte avait été donné moins de cinq centimes plus tôt. En plein milieu de la nuit, seuls certains gardes étaient éveillés, rôdant dans les couloirs du Palais. Cela faisait bien longtemps qu'Ormata n'avait pas subi d'attaque directe mais cette patrouille, constituée de gardes d'élites ayant servi plusieurs années sur le front, restait vigilante. La capitale restait un des centres décisionnels les plus puissant de tout Argonis et il n'était pas rare que certains espions des états voisins tentent de s'infiltrer. Mais dans l'esprit du garde, une attaque organisée n'était pas envisageable.
Pour autant, un groupe d'une cinquantaine d'hommes en noir avait pénétré par l'aile Ouest du Palais, sans alerter la garde extérieure, qui patrouillait jour et nuit sur les immenses murailles. L'entraînement de la Garde Impériale avait permis de contenir pour un temps cette attaque surprise mais le nombre d'intrus était si grand et leur entraînement si accru que même la totalité des gardes de nuit aurait probablement quelques difficultés à venir à bout de cette menace.
Le soldat, tout juste réveillé, avait été détaché de son unité -habituellement affectée à la surveillance de jour du Palais- et envoyé vers la Citadelle pour prévenir ses résidents de cette incursion surprise, alors que le reste des hommes, eux aussi à peine sortis de leur sommeil, se dirigeaient vers la zone d'affrontement.
Alors qu'il arrivait enfin au couloir reliant la partie basse du Palais à la Citadelle, deux hommes en noir lui barrèrent la route, des cimeterres longues de plus d'un pas dans les mains. Les individus à la peau basanée, typiquement Mhâlatans, sourirent de toutes leurs dents, qui tranchaient nettement avec leur teint.
Le garde impérial réalisa soudain l'ampleur de la catastrophe. Ce n'était pas un groupe mais deux (peut être plus, il ne le savait pas encore) qui avaient pénétré au sein du palais. Au minimum deux de ce qu'il avait pu constater. Cherchant mentalement un moyen de contourner les assassins pour atteindre une autre entrée, il réalisa que si cette entrée était barrée, les autres devaient probablement l'être aussi.
Soudain, une odeur inhabituelle parvint aux narines du soldat. Le feu. Un incendie s'était déclaré à quelques dizaines de pas de là. Les Mhâlatans cherchaient apparemment plus qu'une simple invasion du Palais. Ils cherchaient sa destruction.
Le temps lui manquait. Alors que les flammes venaient maintenant envahir le couloir derrière lui, il réalisa qu'il n'avait plus d'autre choix que de passer au travers de ses deux ennemis. Sans réfléchir plus avant, il fonça sur les deux hommes en poussant un cri de rage. L'un des deux hommes en noir, pris de cours, n'eut pas le temps se de mettre en garde alors que le soldat Ormatien arrivait à leur niveau. Ce dernier para une attaque au flanc du premier homme et bouscula le deuxième avec l'épaule. Il sentit son articulation se démettre et poussa un cri de douleur, tout en continuant à courir le long du couloir, poursuivi par les deux assassins.